Nous sommes sur un aéroport secret, une base qui appartient aux grues cendrées. Le mois d’octobre est le mois des départs vers l’étranger, sur le tarmac. Les grands oiseaux migrateurs, vérifient leurs ailes et comptent les membres de leur petite famille. Le capitaine de la flotte ailée s’appelle Henri, cela fait vingt ans qu’il dirige, checke le vol du départ, prend les bons couloirs aériens, il connait le ciel comme ses plumes, les champs pour se restaurer, et même les fish and chips dans le nord du pays.
La météo n’a aucun secret pour lui, à cause de ses rhumatismes, il peut vous dire quand la pluie tombera. Son corps commence à être fatigué, mais il ne veut pas lâcher, c’est lui le pilote de sa bande. Devant les petits nouveaux, il fait du zèle, fronce les sourcils, hausse le ton pour mieux se faire entendre. Du haut de son 1m20 il impressionne les petites grues. Il rigole intérieurement. Henri n’est pas méchant oh non! Il a des gruaux, ce sont les petits des grues, des enfants qui sont adultes maintenant, ils sont partis en Afrique monter une affaire de transport aérien, ça marche bien!
Il y a dix ans il partait très loin, il faisait deux mille kilomètres pour retrouver l’Afrique avant l’hiver. Depuis que les hivers sont plus doux en Europe, les grues s’éloignent moins. Loin ou pas, l’organisation est la même, il faut discipliner les adultes et les enfants pour décoller dans de bonnes conditions. Le vol migratoire va pouvoir commencer. Henri lance son cri: “Grouuuuuuuuu”, et c’est parti! Des dizaines de grues décollent. Leur vol migratoire est en forme de V ou d’ Y. Savez-vous pourquoi? Je me suis souvent posée cette question, un jour j’ai rencontré Henri et il m’a raconté .
-“Tu es curieuse!”
-“Un peu”
-“Tu le répéteras aux enfants qui écoutent tes histoires?”
-“Oui Henri, si cela ne vous dérange pas!”
-“Non bien au contraire! Je dois aujourd’hui parler de mes deux arrières-arrières, enfin très éloignés oncle et tante. Il y a des siècles, quand les oiseaux migrateurs partaient en voyage, il n’y avait pas les technologies que nous avons aujourd’hui. Nous ne sommes pas des sauvages, nous sommes équipés enfin moi, le capitaine j’ai un GPS, les couloirs aériens changent d’une année à l’autre.”
-“Ah d’accord”.
“Il y a des sièces… Les vols migratoires étaient des foires, un prenant la voie de droite, trois autres celui de gauche, les plus étourdies tournaient en rond, et je ne parle de ceux qui restaient sur le tarmac. Le capitaine de l’époque, Edouard, piquait des crises de nerfs. Quand il se posait, il discutait avec sa femme Alice, cherchait une solution, mais ça ne venait pas!
Il reprenait son envol avec les siens et c’était encore une fois la pagaille! Sa femme eut une idée!
-“Vole à droite et tu cries: “Grouuuuuuuuu”. Moi, je vole à gauche et je crie aussi “grou grou grou”.
Une partie des grues suivent l’épouse, l’autre groupe, le mari!
“Victoire!, crie le couple. Nous avons inventé une belle technique. Surtout toi ma douce.”
Après une nuit de repos, d’autres oiseaux rejoignent les grues comment instaurer la même technique de vol, ils sont trop nombreux.
Ah oui, c’est compliqué !
Merci de ne pas m’interrompre
Pardon
oh j’ai une idée dit Alice, Edouard n’en revient pas
Quelle idée ?
Elle s’approche de son fils ainé Anatole, lui chuchote deux trois mots, et c’est le décollage
Edouard à droite n’oublie pas grouuuuuu, je vais à gauche grou grou Anatole à toi grouuuuuuuu
le fils au milieu, ralentit le vol qui dessine la lettre y
Alice, Édouard et Anatole poussent un grand YES
Depuis nous faisons la même chose et nous continuerons à voler ainsi.
C’est dingue ca
Merci Henri
De rien, bon je dois vous laisser j’ai un vol à effectuer *grouuuuuuuuuu
ça parait si simple, mais il fallait y penser, vous êtes d’accord avec moi yessssssss !
*Grou, c’est Le chant, des grues, il s’entend jusqu’à quatre kilomètres.