La France a connu de nombreux épisodes de sécheresse. Le dernier en date remonte à l’été 2022, qui a aussi été très marqué par des feux de forêt, notamment en Gironde. Face à l’augmentation des températures et au manque d’eau, comment les arbres réagissent ? C’est l’objet d’étude de Déborah Corso. Postdoctorante à l’UMR Biogéco à l’université de Bordeaux et de l’INRAe, elle mène ses recherches au sein de la forêt expérimentale de l’Observatoire de Floirac, en Gironde. Un laboratoire à ciel ouvert qui accueille par ailleurs d’autres chercheurs.
« Il faut savoir que cette forêt urbaine de six hectares n’accueille pas de public. C’est donc assez préservé. C’est exceptionnel en ville, constate Déborah. Pour ma part, je viens ici, observe, étudie des chênes, du frêne, dominants en France. Mais aussi des espèces envahissantes qui ont une croissance rapide comme le robinier faux-acacia, natif d’Amérique du Nord et le laurier, originaire de la région. »
Quel arbre résiste à la sécheresse ?
« On remarque qu’il y a des arbres qui montrent des signes de dépérissement, ce qui mène à leur mort complète. On sait que les épisodes de sécheresse accélèrent ce phénomène, d’où l’intérêt de les suivre et de voir qui résiste. Nous avons d’ailleurs eu une première année crash test exceptionnelle, l’été dernier, avec de grosses périodes de chaleur et de sécheresse. Ça a eu des conséquences notables », ajoute la postdoctorante.
Par ailleurs, des études sont aussi faites en laboratoire, notamment pour mesurer le trait de résistance à la sécheresse. Pour cela, une branche de chaque espèce d’arbres de la forêt urbaine est prélevée. Résultats : le laurier est deux fois plus résistant que le chêne. Il semble que l’absence d’eau pendant de longue période n’a pas eu de conséquences sur son fonctionnement. En revanche, le frêne a atteint un seuil qui a endommagé sa circulation d’eau. Ça entraîne donc des répercussions sur sa croissance et sa survie.
Si Déborah Corso effectue toutes ces recherches, c’est aussi pour savoir quels visages auront les forêts de demain en Nouvelle-Aquitaine. « Mener des recherches sur ce site est un atout. Il fait plus chaud en ville, donc à la forêt de Floirac. Les arbres sont soumis à l’augmentation des températures que l’on prédit plus tard, dans 20, 30, 40 ans. Et il y a aussi la question du devenir de l’arbre en ville. On va déterminer quelle espèce d’arbre pourra s’y maintenir. »
Expériences avec des pins maritimes
En outre, actuellement, la jeune femme prépare une expérimentation. L’hiver dernier, plus de 300 très jeunes pins maritimes ont été plantés sur la plaine de l’Observatoire de Floirac. Ils proviennent de sept provenances différentes : du massif landais, du Portugal, d’Espagne, du Maroc et de Corse, entre autres.
“L’idée est de les faire grandir ensemble dans un jardin commun, dans les mêmes conditions, sous le climat de la région, puis de voir comment ils s’en sortent. Et on va installer un hangar de huit mètres de haut qui sera doté d’un dispositif d’exclusion de pluie. Le but est de simuler le climat futur. On sait qu’en 2050-2100, on va avoir en moyenne 30 à 40 % de précipitions en moins par an par rapport à aujourd’hui. On va ainsi observer la façon dont les pins s’en sortent. Et pouvoir, par la même occasion, conseiller les futurs exploitants”, conclut la chercheuse.